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Biocontrôle Streptomyces K61, biofongicide du sol

Streptomyces K61.

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SPECTRE D'EFFICACITÉ ET CULTURES ENVISAGEABLES

- Propriétés : caractérisées en 1943, les bactéries du genre Streptomyces sontnaturellement présentes dans les couches superficielles des sols où elles se dispersent facilement grâce à leur croissance mycélienne et à leur sporulation. Elles se développent à partir de la dégradation de la matière organique sous l’effet de nombreux enzymes hydrolytiques extracellulaires participant à la formation de l’humus. La souche K61 de Streptomyces griseoviridis a été obtenue à partir d’une sélection dans des tourbes de sphaigne. Cette bactérie filamenteuse non-pathogène est la substance active des biofongicides Mycostop et Lalstop K61. Elle évolue rapidement et colonise les espaces disponibles autour du système racinaire des végétaux, les protégeant contre l’infection par divers pathogènes.

- Application et efficacité : les produits à base de S. K61 (Mycostop et Lalstop K61) peuvent être utilisés sur différents substrats, tant organiques qu’inorganiques comme la laine de roche. Ils sont autorisés pour la protection des gazons de graminées (fusariose hivernale, fusarioses estivales, Pythium…) et des cultures ornementales en traitement de semences, trempage de boutures et de bulbes par immersion avant leur plantation pour lutter contre divers champignons (Alternaria,Fusarium, Phomopsis,Rhizoctonia...) et organismes fongiformes Oomycètes (Pythiacées : Pythium, Phytophthora) responsables de fontes des semis ou des boutures.

Ces biofongicides sont utilisables sous abri en traitement de sol ou de substrats de croissance avec une irrigation localisée (goutte-à-goutte), un arrosage ou une pulvérisation dès le stade plantule. Les systèmes automatisés sont les plus fréquents, mais des apports manuels sont possibles.

Pour réaliser un traitement de semences sèches, l’application à la dose de 8 g de produit /kg de graines se fait directement sous sa forme solide de poudre. La performance des produits à base de S. K61 est optimale entre 15 et 28°C, dans un sol ou un substrat humide avec un pH de 5,5 à 7.

En revanche, la bactérie devient inactive à des températures supérieures à 45°C et inférieures à 5°C, mais les valeurs minimales d’utilisation se situent entre 10 et 12°C pour obtenir la meilleure efficacité. De plus, il convient d’irriguer après la pulvérisation (2 à 5 mm) et de renouveler le traitement toutes les quatre semaines, quel que soit le support de culture, à raison de 4 applications maximum /an.

En termes de compatibilité biologique, l’utilisation de Mycostop ou Lalstop en mélange avec d’autres préparations à usages phytosanitaires est possible, mais déconseillée.

Si besoin, un intervalle d’application d’un à sept jours avec des produits de synthèse est recommandé selon l’usage autorisé, tandis que le mélange avec des concentrés d’engrais est proscrit.

Enfin, en ce qui concerne la sélectivité de S. K61 sur les cultures ornementales, lorsque le traitement est réalisé à la dose autorisée pour chaque usage, on peut noter qu’aucun effet indésirable n’a été rapporté pendant les quinze ans d’utilisation de la préparation Mycostop sur diverses cultures. Par exemple, un essai de sélectivité conduit sous serre en 2012 aux Pays-Bas sur chrysanthème, lisianthus et gerbera aux doses de 2,5 et 10 g/1000 plantes, appliquées par pulvérisation foliaire ou en arrosage, n’ont entraîné aucun symptôme de phytotoxicité. Par ailleurs, compte tenu du mode d’action multiple de S. K61, le risque d’apparition ou de développement de cas de résistance est considéré comme peu probable et négligeable.

- Stratégie de lutte intégrée : formulé en poudre mouillable, ce fongicide trouve sa place dans les stratégies de protection intégrée des cultures, en complément d’autres méthodes (génétiques, culturales, physiques, prophylactiques, chimiques raisonnées).Il contribue à la réduction de l’indice de fréquence de traitement (IFT) lié à l’utilisation des fongicides de synthèse. Les expérimentations réalisées dans différents pays européens ont permis de mesurer l’efficacité du biofongicide et son intérêt pour lutter contre différents pathogènes du sol, notamment les Oomycètes :

Deux essais réalisés sous serre (Canada et Pays-Bas) ont été considérés dans un avis de l’Anses* lors de l’évaluation officielle de Mycostop en France. Dans un essai sur poinsettia, la préparation Mycostop a été appliquée à la dose de 9 mg/pot. Aucune différence n’a été observée entre les pots traités avec la préparation à base de S. K61 et la préparation de référence (fongicide chimique). Dans un essai réalisé sur chrysanthème, la dose de 0,05 g/m² a permis de réduire de 36 % le nombre de plants fortement contaminés par rapport au témoin non traité.

Dans deux essais finlandais effectués sur saintpaulia et gerbera, les doses de 2 à 5 mg/pot de la préparation Mycostop ont permis d’augmenter la taille des saintpaulias de 30 % (système racinaire et foliaire) et de diminuer le nombre de plants de gerbera détruits par le pathogène de 30 % par rapport au témoin non traité.

Sur les gazons sportifs, le programme préventif de lutte intégrée a intérêt à débuter deux mois environ avant la période à risque de développement des maladies, à raison d’1 application /mois. Avant le traitement, effectuer une aération à lames sur le stade ou spike sur green de golf et prévoir un léger arrosage après l’application.

© J. Jullien - Fonte des semis (Pythium et Rhizoctonia) sur gloxinia.
© P. Marchand - SRAL Pays de la Loire - Pourriture brune à Pythium sp. sur gazon.
© J. Jullien - Dépérissement du à Phytophthora sp. sur poinsettia.

CYCLE, CONDITIONS DE DÉVELOPPEMENT

- Éléments de biologie : dans un sol ou un milieu tourbeux, le cycle de développement d'une colonie de Streptomyces commence par la germination d'une spore qui donne naissance à un mycélium primaire ramifié et modérément cloisonné. Celui-ci se développe à la surface et à l'intérieur du substrat nutritif. Cette première phase de croissance est dite végétative. Quand la croissance du mycélium primaire s'arrête, une seconde phase de croissance, dite aérienne, prend le relais. Des hyphes aériens non ramifiés s'érigent à partir du mycélium primaire et leur croissance est assurée par l'utilisation des substances de réserves synthétisées lors de la phase végétative et par le recyclage des composants cellulaires issus de la lyse du mycélium primaire. Les extrémités des hyphes aériens subissent ensuite des cycles de division synchronisés conduisant à leur compartimentation en pré-spores, puis en spores contenant chacune un seul chromosome. C'est lors de la transition entre croissance végétative et croissance aérienne qu'a lieu le déclenchement de la biosynthèse de métabolites secondaires utilisés pour leurs propriétés bioactives.

- Toxicologie et respect de l’environnement : S. K61 est faiblement toxique pour les poissons et pratiquement non toxique pour les invertébrés aquatiques. Les produits Mycostop et Lalstop K61 sont situés hors classement toxicologique et ne génèrent pas de résidus. Le délai de rentrée après traitement est limité à six heures.

*Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.

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